
Au-delà des méthodes : l'importance de l'état d'esprit
Le monde regorge de livres, d'articles, de conférences et d'ateliers nous enseignant comment construire notre vie. On nous répète qu'il faut prendre nos responsabilités, abandonner la quête de recettes miraculeuses, et adopter les principes des grands leaders.
Ce discours, bien qu'inspirant, peut devenir écrasant. Il nous pousse à rechercher constamment ce qui est "bon" à faire, à nous discipliner rigoureusement, à dépasser nos limites actuelles, et à performer dans tous les domaines de notre vie - tout cela au nom du "progrès".
J'ai personnellement emprunté ce chemin. Cherchant désespérément à améliorer ma vie et à me libérer des tensions qui m'oppressaient, j'ai obtenu certains résultats. Ma vie s'est structurée, mais s'est également enfermée dans les "je dois" et les "il faut". Elle s'est enlisée dans la dualité du "bien" et du "mal", et s'est alignée sur les modèles de réussite dictés par la société.
J'ai effectivement bâti ce qu'on appelle communément une "vie réussie". Mais étais-je plus heureuse ? Non. Me sentais-je plus libre ? Non. Les problèmes et le stress avaient-ils disparu ? Non. Ce que j'avais gagné se limitait essentiellement à une aisance financière me permettant d'assouvir des plaisirs superficiels nourrissant mon ego.
Le seul bénéfice véritable ? La certitude que je pouvais transformer ma vie et atteindre les objectifs que je m'étais fixés. Ma conclusion ? Il est tout à fait possible de construire une vie sur-mesure ou de réparer sa vie existante. Mais on peut gravement s'égarer en croyant que la voie empruntée par les autres est l'unique chemin possible.
Construire sa vie : une question d'état d'esprit
Aujourd'hui, je conçois la construction de ma vie comme une intention d'alignement. Il s'agit d'harmoniser mon quotidien avec ce qui a du sens pour moi, ce qui me fait vibrer, ce qui nourrit chaque dimension de mon existence. Et pour y parvenir, je dois rester dans le flow.
La théorie du Flow, développée par Mihály Csíkszentmihályi, décrit un état d'esprit où la personne est complètement immergée dans une activité, atteignant un niveau maximal de concentration, d'engagement, de motivation et de satisfaction. C'est un état de grâce, une expérience de plénitude, un sentiment de joie spontanée.
Auparavant, j'aurais défini la "construction de ma vie" comme l'établissement d'une sécurité financière et affective, l'optimisation de ma santé, et la création d'un réseau relationnel servant mes ambitions professionnelles et mon besoin d'appartenance. Cette vision reflète la peur, le manque, et s'inscrit dans un état d'esprit exclusivement fondé sur des schémas de défense.
Deux états d'esprit fondamentalement opposés
Rester dans le flow ou optimiser sa vie à travers des schémas de défense représentent deux états d'esprit diamétralement opposés. Par expérience, je peux témoigner que le premier libère tandis que le second asservit.
L'état d'esprit du flow est libérateur car il émane de notre essence profonde et s'exprime vers l'extérieur. Nos actions dans l'environnement reflètent alors pleinement qui nous sommes. En respectant ce qui nous fait vibrer, notre nature intrinsèque et notre vie, nos actions ne peuvent qu'être respectueuses de notre entourage. Nous construisons notre vie jour après jour, avançant progressivement vers plus de plénitude et de joie. Les éléments qui s'intègrent à notre existence nous correspondent parfaitement puisqu'ils émanent de nos choix intérieurs.
À l'inverse, l'état d'esprit de protection et de résolution de problèmes ponctuels est oppressant car l'extérieur y dicte la cadence. C'est l'état d'esprit de ceux qui fonctionnent en réaction permanente face aux événements. Réagir crée une dépendance à l'environnement, nous incitant à lutter contre l'adversité. Dans cette posture, nous devenons bourreaux sans même en avoir conscience. Le besoin de protection nous pousse à privilégier notre intérêt personnel, à surpasser les autres, à renforcer notre valeur personnelle même au détriment d'autrui. C'est l'état d'esprit de ceux qui s'engagent dans des jeux de pouvoir, s'agitant par réaction tout en croyant construire, alors qu'ils érigent des verrous, des obligations, des contraintes, et des projets à court terme, leur avenir dépendant des aléas de la vie.
Le "pourquoi" fait toute la différence dans notre état d'esprit
Ce n'est qu'à long terme que l'on peut discerner si une personne vit dans le flow ou fonctionne selon ses schémas de défense.
Pour un observateur extérieur, ma vie actuelle ne semble pas radicalement différente de celle que je menais avant cette prise de conscience. La véritable transformation s'est opérée à l'intérieur. Je me sens mieux, j'ai plus d'énergie, je me sens moins contrainte, mon sentiment de liberté s'est considérablement amplifié. Je me sens vivante.
Cela signifie que l'importance ne réside pas tant dans nos actions que dans leurs motivations. Ce qui compte, c'est l'intention qui les sous-tend, le moteur intérieur qui nous anime, le "JE SUIS" qui opère en nous. Ce "JE" intérieur que nous choisissons comme force motrice définit notre état d'esprit fondamental.
Cette découverte a été ma plus grande révélation : plusieurs "JE" coexistent en nous, et pour construire ou réparer notre vie, nous pouvons choisir quelle part de nous-même nous laissons s'exprimer.
Deux états d'esprit, deux états d'être, deux "JE"
Le "je" et son état d'esprit de survie
Le plus répandu, celui que l'éducation valorise depuis des générations, est le petit "je". Celui qui vit dans la peur. Il constitue notre personnalité, forgée par les schémas de défense hérités de notre lignée, de notre éducation, de notre lieu de naissance et de nos expériences personnelles.
C'est un "je" étriqué qui perçoit le monde uniquement à travers le prisme de sa survie. Il craint constamment d'être dépassé, critiqué, mal-aimé, rejeté, de manquer de ressources et, fondamentalement, de mourir. C'est le "moi je..." qui amorce nos phrases dans les conversations. Il écoute distraitement l'autre, déjà occupé à préparer sa réplique contradictoire. Il a un besoin incessant de compliments, de mots doux, de valorisation externe pour se sentir exister et aimé.
Ce "je" se sent vide et sans élan en l'absence d'acteurs autour de lui. Ce petit "je" qui se croit souverain n'a aucun moteur intérieur, aucune pulsion de vie autonome. Son existence dépend entièrement de son appartenance à un groupe, une communauté, un environnement.
Isolé, il ne peut trouver sa voie personnelle puisqu'il n'est qu'une reproduction de modèles existants. Il contrôle votre corps, prétendant mieux savoir que lui ce qui favorise la santé. Il contrôle les autres, convaincu de mieux connaître leurs besoins qu'eux-mêmes. Il possède tout : son conjoint, ses enfants, sa famille, ses amis, ses collègues. Tout lui appartient, et il nourrit des attentes précises envers chacun. "Voici MA femme", "Ce sont MES enfants"...
Il revendique également la propriété de ses biens matériels, acquis "à la force du poignet". Sa seule crainte : perdre ses possessions, ses relations, ses liens. Et même si cela entraîne souffrance ou destruction de son Être, il luttera à tout prix pour avoir raison et maintenir son emprise sur son environnement. Ce sont les décisions de l'ego, caractéristiques d'un état d'esprit limité.
Le "JE" et son état d'esprit d'authenticité
Le plus occulté est celui qui résiste à toute manipulation. Il permet de vivre en harmonie avec notre essence véritable.
Face à ce "JE", aucune fausse croyance ne persiste. Aucun biais n'est possible. On vibre ou non. Il n'y a pas d'entre-deux dans cet état d'esprit authentique.
"JE" aspire à exprimer pleinement sa liberté d'être. Pourquoi chercherait-il alors à posséder l'autre, à lui imposer un chemin ?
"JE" écoute profondément ce qui se passe en lui. Ainsi, il reconnaît ses valeurs essentielles, ses besoins profonds, et leur importance vitale pour construire une vie épanouissante. Fort de cette connaissance, il ne peut qu'écouter l'autre avec la même attention : ses besoins, ses émotions.
"JE" existe intrinsèquement. Il est. "JE" préexistait à l'émergence de la personnalité. "JE" est unique, connecté à une réalité plus vaste. "JE" est interconnecté avec tous les autres "JE", chacun unique. Il puise son énergie dans son essence même. Il alimente son moteur par sa simple intention de se connecter au vivant dans un éternel présent, conscient que rien ne lui appartient, que rien ne lui est dû, et que tout est impermanent. Tout peut cesser maintenant. Ou tout peut prendre une direction radicalement différente dès maintenant.
Pour "JE", exprimer ce qui bouillonne à l'intérieur, l'apporter au monde, le faire vivre, le transmettre, en faire don dans un service aux autres constitue sa raison d'être. Ce sont les désirs de l'âme, manifestations d'un état d'esprit élevé.
L'état d'esprit comme moteur de transformation corporelle
Les biais, les souffrances, les angoisses, le mal-être, les maladies proviennent d'un moteur de vie dysfonctionnel. C'est-à-dire, quand l'écart est trop grand entre les désirs de l'âme et les décisions de l'ego, entre les deux états d'esprit qui nous habitent.
"je" doit apprendre à se mettre au service de "JE" et cesser de fonctionner pour lui-même. Le corps, dans cette perspective, devient le révélateur parfait de l'état d'esprit qui nous anime. La kinésithérapie psycho-corporelle permet justement de percevoir, à travers les tensions et les déséquilibres physiques, quel "je" est aux commandes.
Comment opérer ce changement d'état d'esprit ? Tout commence par les bonnes questions.
Face à un projet, une relation, une opportunité professionnelle, "je" s'interroge : "Est-ce que ce projet, cette personne ou ce travail va m'apporter un meilleur confort de vie, plus de reconnaissance ? Est-ce que je vais me sentir mieux avec cette personne ? Est-ce que ce job va m'apporter assez d'argent et pas trop de contraintes ?"
Dans une situation identique, "JE" se demande : "Qu'est-ce que je peux apporter à ce projet ? Qu'est-ce que je peux offrir à un nouveau partenaire ? Qu'est-ce que je peux donner au couple, à la relation ? Ou qu'est-ce que je peux apporter au monde à travers mon nouveau travail ? Quels talents puis-je mettre à la disposition des autres pour améliorer leur confort de vie ?"
Cette réflexion orientée vers le service est le déclencheur qui vous permettra d'amorcer positivement votre processus de création dans le concret. Votre corps, libéré des tensions issues d'un état d'esprit défensif, devient alors le véhicule parfait de cette expression authentique.
Dans un prochain article, nous explorerons comment ce changement d'état d'esprit se manifeste concrètement à travers notre corps et comment la kinésithérapie psycho-corporelle peut faciliter cette transition vers un état d'esprit plus aligné avec notre nature profonde.
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Magnifique, merci pour ce texte libérateur.